© 2017 Pascal Gautherot Contrejour

La lumière était magique, et puis soudain…

 

Le contre-jour est violent. Éblouis par le soleil, je ne vois plus que les réverbères qui diffusent la lumière, donnant l’impression d’être éclairés.  Pas de doutes, il y a quelque chose…

Mais il faut faire vite. Une telle lumière ne dure jamais bien longtemps.

Avant même de porter l’appareil à l’œil, instinctivement, je fais tourner la molette du correcteur d’exposition pour sous-exposer massivement l’image et, paradoxalement, garder cette sensation d’éblouissement.

Je prend quelques photos. Je sens que c’est pas mal…je sens qu’il manque quelque chose.

J’attend. Quelques secondes. Pas plus.

Et puis soudain, la magie opère. Une jeune femme et une petite fille portant des bouées translucides entrent dans le champ. Le soleil en contre jour, éclaire ces bouées et les transforme en luminaires improbables.

Je sens mon index presser le déclencheur sans même que le cerveau n’ai eu le temps d’intervenir. Une fois, deux fois… cinq ou six fois, je ne sais pas. Je ne contrôle pas, j’y vais à l’instinct, aux sensations.

Au fur-et-à-mesure que la femme à la bouée et sa fille s’enfoncent dans la foule, je sais que ce sont les premières photos qui seront les meilleurs. Je déclenche encore une fois ou deux, mais…

La magie est déjà passée, la tension retombe.

Je ne regarde pas le résultat sur l’écran de mon appareil. Réussies, ratées, qu’importe. L’œil collé au viseur, j’ai vécu un petit miracle visuel. Si je peux le partager, tant mieux. Si non…

Plus tard, je repense à cette très belle phrase d’Henry Cartier-Bresson :

« Il ne faut pas vouloir, ou alors on n’as rien. Il faut être disponible »